PUBLIÉ LE 29 NOVEMBRE 2021 PAR HILLARY LEBLANC J’ai commencé à lire Out of The Sun: On Race and Storytelling d’Esi Edugyan. Elle m’a captivée jusqu’à présent en énumérant plusieurs sujets d’artistes noirs et en expliquant comment le rendu artistique a vu le jour, principalement par l’effacement et la mise sous silence des véritables histoires noires. Je ne révélerai pas l’essentiel du livre, mais elle se sert de vignettes pour expliquer d’anciens portraits de Noirs, des histoires de fantômes (de ce que j’ai lu pour l’instant) – certains esclaves, d’autres non – et la façon dont ils sont représentés. Connaître l’histoire et voir la juxtaposition selon laquelle ces Noirs sont dépeints oblige les Noirs d’aujourd’hui à réexaminer la vérité qui se cache derrière ces portraits et les personnes qui y figurent. Tout en découvrant les vérités sur les muses représentées, j’ai appris qu’il y avait un membre noir de la royauté en France, un esclave noir qui a été sauvé, éduqué et considéré avec tant de respect qu’il a été épiauté après sa mort et préservé dans un musée, au grand dam de sa fille. Ces récits sur l’excellence, la bravoure et l’histoire des Noirs ne font pas partie de l’éducation que le Nouveau-Brunswick a su me donner.
Je pensais à tout cela lorsque deux personnes différentes m’ont demandé quelles étaient mes normes et pratiques journalistiques personnelles. Un étudiant de l’université anciennement connue sous le nom de Ryers*n cherchait de l’information sur la manière de faire du journalisme précisément pour les groupes noirs et LGBTQ+ d’une manière qui traite ces communautés de façon éthique. L’autre étudiant se renseignait sur la diversité ethnoculturelle du journalisme et sur la façon dont les groupes journalistiques pourraient collaborer pour mieux représenter les communautés de minorités visibles. Dans les deux cas, j’ai répété pourquoi le blogue Black in the Maritimes est important, pourquoi mon travail avec ByBlacks.com est important et que c’est pour empêcher le type d’effacement que j’ai décrit ci-dessus. Oui, il est important de faire connaître les nouvelles, la culture pop et les controverses, mais il est tout aussi important de raconter les vérités et les histoires des Noirs, et de les raconter dans un esprit d’empathie, et non de traumatisme, de tristesse et de culpabilité. Mes pratiques journalistiques consistent à aborder chaque sujet dans un esprit d’empathie et d’une perspective aussi impartiale que possible lorsque je parle aux autres, tout en m’inspirant des vérités que j’ai vécues pour essayer de rester curieuse, engagée et attentive à l’identité personnelle de chacun.
Comme je l’ai dit à ces deux étudiants, les récits des Noirs ne peuvent pas se résumer uniquement à des histoires de Noirs. Nous vivons dans un climat politique où les histoires des Noirs, des Asiatiques et des Autochtones doivent en plus susciter une émotion que le lectorat et le public blancs peuvent ressentir d’une façon qui pourrait favoriser le changement et une alliance inclusive. J’essaie d’être constamment consciente du lectorat blanc de Noir dans les Maritimes qui pourraient très facilement appeler ses députés provinciaux et fédéraux et changer la situation au Nouveau-Brunswick s’il s’en souciait, s’il percevait les minorités visibles comme des êtres humains, si nous n’avions pas été effacés, si on pouvait nous voir à notre juste valeur.
Le professeur George Elliott Clarke nous a parlé de la mesure dans laquelle l’oppression systémique blanche a effacé les minorités visibles lorsqu’il a participé à notre balado. Dans un épisode récent, Fidel parlait de l’importance de s’informer sur la politique afin de comprendre pour qui on vote, pourquoi et ce que ça change.Dans cette même optique, je pense malheureusement que les Noirs doivent passer un temps exorbitant à s’éduquer sur leur culture, leur peuple, tous les autres Noirs, pour ensuite pouvoir relayer ces histoires à leur famille, leurs amis, les acteurs du changement, les politiciens, les enseignants. En tant que personne noire qui n’a commencé que récemment à se pencher sur ces questions, l’effacement est profond - il n’y a que les vainqueurs qui ont mérité une mention dans les annales, et les minorités visibles ont été effacées des archives, sauf pour montrer à quel point elles étaient basses, à quel point elles ont souffert. Dans son livre, Esi Edugyan mentionne une exposition dans un musée où le texte présenté insistait sur les Noirs qui servaient de muses pour plusieurs tableaux. Les Blancs ont été outrés et sont sortis, pensant que ces tableaux avaient été choisis dans le but de réécrire l’histoire, de donner une nouvelle version de ce qu’ils perçoivent comme les faits du monde. Nous étions toujours là. Nous avons toujours été là. Vous ne pouvez pas effacer notre histoire, malgré que vous pouvez essayer. Si vous vouliez vraiment dépeindre l’histoire, vous pourriez dire que oui, beaucoup de Blancs ont colonisé beaucoup de gens de couleur, mais il y a des histoires de Noirs partout dans le monde, dans chacun des traits de ces œuvres d’art, il y a une trace d’humanité noire.
Ce n’est qu’en écoutant et en acceptant la véritable histoire de nos cultures cumulées que nous serons réinsérés dans les histoires où nous étions toujours là.
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